Me Chemla : «Pourquoi pleurez-vous, M. Fourniret ?»
Fourniret fait comme s'il n'avait pas entendu. L'avocat revient à la charge.
Fourniret : «Je crois que vous avez des problèmes de vue, Monsieur».
Mme Catoire : «Tu as longtemps admiré mon père, qui t'a enseigné de grandes valeurs. Je voudrais que tu dises la vérité. Papa t'a enseigné l'amour de ton prochain. S'il te plaît, respecte ce que tu as tant admiré chez lui».
M. Fourniret murmure à toute allure quelques mots en russe.
Mme Catoire : «Parle en français.»
«Dominique, je n'ai pas pris cette décision à la légère. Si je parle, on va faire des gros titres sur un exhibitionnisme déplacé...»
«C'est déjà fait, on ne voit que toi partout, dans les journaux et à la télé.»
«Tu parles de vérité, mais je ne dissimule rien. Je souhaitais pouvoir m'exprimer sans réserve (il pleure).»
«Fais-le ! Si papa était là, il te le demanderait. Il est encore temps de dire : « Excusez-moi, j'ai fait de grosses conneries »».
«Ce serait facile...»
«Si tu veux rester dans la famille des « Catoiristes », fais-le !»
«(En larmes, très fort) Je ne peux pas ! J'ai pris une position, je ne peux pas en changer !»
«Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis (applaudissements dans la salle, immédiatement interrompus par le président).»
«Il est un peu tard. Les affaires ont toutes été examinées. Je ne peux plus m'adresser aux familles une par une.»
«Tu peux faire machine arrière. S'il y a d'autres victimes, dis-le. Imagine tes filles enlevées par quelqu'un comme toi...»
«Ce que j'ai fait est connu. Il n'y a pas d'acte non connu, je te regarde dans les yeux.»
«Je veux bien te croire, mais dis la vérité, nom d'une pipe ! Tu n'es pas un homme froid, repense aux années 60.»
«Dans ton for intérieur, tu sais qu'en public, je ne peux pas revenir en arrière.»
«Tu me fais honte pour papa. Fais un effort, allez, Michel ! »
L'accusé pleure, incapable de parler.
Me Seban relève que Fourniret avait juré sur la tête de sa petite-fille qu'il n'était pour rien dans le meurtre de Céline, qu'il a reconnu par la suite. A la demande de l'avocat, le témoin tente à nouveau sa chance.
Mme Catoire : «Peux-tu jurer que tu n'es pour rien dans d'autres meurtres ?»
Michel Fourniret : «L'avocat qui vient de t'interpeller, monsieur Seban, tente d'obtenir de ma part un aveu. Je n'ai eu de cesse de lui dire que je n'y suis pour rien [dans les affaires Parrish, Domèce, Mouzin]. Je te jure sur ce qu'il y a entre nous que je ne suis absolument pas concerné par ces affaires-là. C'est précieux, ce qu'il y a entre nous.»
«Je l'espère... C'est pour cela que je te demande de dire la vérité.»
«L'insistance de cet avocat n'est fondée sur rien.»
Me Seban : «Sur des aveux de Monique Olivier !»
Michel Fourniret : «C'est bien ce que je disais. (En larmes, au témoin) Je te l'ai dit à toi, ça a une valeur que tu connais ».
Mme Catoire : «Peux-tu demander un vrai pardon aux familles ?»
Fourniret : «On ne demande pas pardon pour ce qui est impardonnable. Il existe une autre manière, qui tient en toute une vie, une attitude, une expiation. L'orgueilleux que je suis ne répondra pas.»
Mme Catoire : «Ce n'est plus de l'orgueil, c'est de la bêtise. Tu ne respectes plus du tout Georges [le père-patron].»
«Je ne sais pas s'il n'aurait pas été aussi têtu que moi...»
«Réfléchis. Je peux dire que je compte sur toi ?»
«Si c'est pour créer un tumulte, c'est fait...»
«Non, pour dire la vérité et agir en conséquence. Là, c'est une parodie de procès.»
«Une fois encore, je n'ai pas pris cette décision à la légère, mais au prix de nombreuses insomnies. (Définitivement refermé sur lui-même) Je suis désireux de répondre à tout, mais pas en public, jamais en public, jamais !»
«J'avais une autre opinion de toi. Je t'ai dit tout ce que j'avais à te dire. Pense à Georges. Je compte sur toi ».
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