vendredi, avril 29, 2005

Peut-on comprendre le génocide ?

Est-il nécessaire, 50 ans après, et surtout possible, de réfléchir sur le génocide, et, à fortiori, de l'expliquer ? Je vais pourtant le tenter. Les signes du temps nous l'imposent. Certes, l'Europe poursuit, pour le moment un chemin démocratique ; l'Allemagne réunifiée est devenue une république démocratique. La France s'est dotée d'institutions solidement démocratiques. Cependant, en Allemagne comme en France les assassins et leurs complices de la solution finale, tels Papon et Touvier, n'ont pas tous étés vraiment jugés et écartés des affaires publiques. Surtout, les refrains et les rengaines habilement enveloppées, fleurant bon les litanies nazies ou vichystes, continuent, malgré la rigueur des lois antiracistes non appliquées, à nourrir les colonnes de la presse ou des médias, voire des discours politiques des plus néo-nazis à ceux prétendument démocratiques. Y compris dans les milieux de gauche : le PS muet devant Mitterrand fleurissant la tombe de Pétain et recevant à sa table Bousquet ; le PC girondin refusant de soutenir en 1983 l'action des victimes de Papon dénoncée comme anti-palestinienne dans " Les nouvelles de Bordeaux et du sud-ouest " et refusant d'appliquer le droit de réponses de l'association des victimes de l'administration de Vichy (1). Les rues de nos deux pays retentissent encore des vociférations barbares accompagnant les crimes racistes ou les profanations sans compter le surgissement des "épurations ethniques" dans les pays de l'ancien bloc soviétique libérés de "l'amitié entre les peuples".

La commémoration du génocide ne doit pas se départir de la tentative d'explication de ce qui fut le crime de masse le plus stupéfiant de l'Histoire. Il faut tenter d'expliquer et de comprendre si nous ne voulons pas (comme beaucoup d'Allemands ou de nombreux Français, qui ne furent ni des barbares, ni des nazis, ni des vichystes, ni des résistants à Hitler ou à Pétain) si nous ne voulons pas nous sentir coupables, après de nouveaux forfaits sanguinaires, de ne pas avoir compris assez tôt les signes précurseurs du plus grand désastre collectif des âmes et des corps.
Trois remarques s'imposent, d'abord.
La première concerne la démarche même d'expliquer. Peut-on tenter sans soulever "un scandale intellectuel : de comprendre le génocide, historiquement, comme s'il y avait une sorte de genèse harmonieuse de la mort" (2) Ainsi que l'écrit Claude Lanzmann "tous ces présupposés, toutes ces conditions qu'ils (les historiens) énumèrent sont vraies, mais il y a un abîme : passer à l'acte, tuer."
Ma seconde remarque porte sur l'adoucissant glissement sémantique opéré en passant du mot <> en celui d'<> (3), en passant d'un carnage barbare en un espèce de sacrifice religieux, transformant l'ensemble des victimes expiatoires en une espèce de figure paradoxale du Christ, et les infâmes bourreaux en officiants de type religieux ! Ce glissement n'est pas seulement outrageant, il tente de ramener le peuple d'Israël ensanglanté à l'intérieur d'une image d'un Jésus souffrant, déculpabilisant les tortionnaires, ceux qui en ont imprudemment accepté les lois antisémites par conviction inquisitoriales, avant d'en être horrifiés et coupables. "Holocauste"humanise, banalise "génocide" en le réinstallant dans une perspective religieuse. Or, nous devons être clair. Holocauste désigne le sacrifice religieux, l'offrande animale entièrement consumée et offerte à Dieu. Sacrifice renvoie à "faire le sacré", c'est à dire créer un espace symbolique dans lequel l'homme peut élever son âme vers le Bien. Génocide renvoie à l'inverse du symbole : au délire du Mal absolu, c'est à dire, comme je le montrerai, à la projection hors de soi d'un masochisme exacerbé qui ne peut que passer à l'acte assassin, faute d'être maîtrisé dans l'imaginaire.
Une troisième remarque porte sur une autre forme de banalisation qui consiste à dire que le génocide est "un accident"du nazisme. Ce qui reviendrait à suggérer que le crime d'état hitlérien soit, aussi, un "accident" de l'Histoire allemande ; et que le crime d'état à la française serait, bien sûr, "un accident" dans l'Histoire de France.
On ne peut comprendre le génocide que si on le regarde dans la double perspective de l'économie historique (4) du désir et de l'économie psychique du désir
Par économie psychique du désir il faut entendre la manière dont un individu entre en résonance avec l'imaginaire de son peuple. Ainsi le délire de Hitler a pu s'organiser en mise en acte collective en trouvant écho dans les mythes du peuple allemand.
Par économie historique du désir je désigne une conduite animée par une recherche collective de satisfaction ou la quête d'un apaisement d'une angoisse développée sur une longue durée dont on peut suivre la trace depuis plusieurs siècles (5).
C'est la superposition et l'osmose des deux économies du désir, l'historique et la psychique, la collective et l'individuelle, qui explique que la logique inconsciente d'Hitler fut opérante dans les textes d'une idéologie officielle en vigueur pendant 12 ans. "La solution finale est, selon Fanny Colonomos et Elisabeth Marsault (6), à l'échelle politique, militaire et économique d'une nation le passage à l'acte des fantasmes les plus archaïques et elle manifeste une nécessaire cohérence entre politique d'extermination menée par les appareils juridico-politico-militaire et l'imaginaire du peuple."


I- Le profil du génocidiste

Hitler raconte lui-même dans "Mein Kampf" (7), sa rencontre hallucinatoire avec le double persécuteur : le Juif, incarnation du mal. "Un jour, écrivait-il, (...) je rencontrai tout à coup un personnage en long caftan avec des boucles de cheveux noirs. Est-ce là un Juif" interroge-t-il ? "(...) plus j'observais ce visage étranger et scrutais ses traits, plus la première question que je m'étais posée prenait dans mon cerveau une autre forme : est-ce là, aussi, un Allemand ?" Le Juif tient - dans ce balancement "Juif ou Allemand ?"-un autre rôle que celui, habituel, de bouc émissaire. Il devient la "représentation quasi métaphysique du Mal que le sujet (Hitler) tâche d'expulser de lui-même (8) " Dès lors commence pour lui une lutte impitoyable pour la suprématie contre le Juif, "cet autre par excellence (...) qui ajoute encore à la fascination et à la jalousie qu'il suscite par le fait de se prétendre l'Elu du Père. (...) l'élu du père porté dans le ventre de la mère patrie et dont il faut se débarrasser. (9)"
Le mécanisme psychopathologique à l'oeuvre chez Hitler (mais qui entre en résonance avec ceux qui sont prédisposés à être antisémites par la faiblesse de leurs défenses)montre que Hitler est obsédé par son incapacité à maîtriser ses propres pulsions criminelles (10).
Le mot "Blutschande" en Allemand signifie "honte du sang" et stigmatise, en cette langue, aussi bien l'inceste entre parents du même sang que le mariage entre Aryen et non Aryen. C'est pourquoi le nazi se sent à la fois proche du Juif tout en le rejetant par la destruction en tant qu'élu du Père "11".
Le Surmoi est une manifestation individuelle liée à l'éducation induite par les conditions sociales et les tensions criminelles qui sont incluses dans le Surmoi risquent de devenir pathogènes dans les sociétés qui se désintègrent. C'était le cas dans l'Allemagne d'après la première guerre et dans la France de1940.
Le mécanisme projection-expulsion de soi, à l'oeuvre chez Hitler, est le suivant :

1- Il projette sur le Juif ses propres intentions (12)
2- Il les reçoit hallucinatoirement en retour.
3- Il met dès lors en acte une défense vécue comme légitime : l'appel à la destruction du peuple élu.

L'Hitlérisme est le résultat d'une collusion du plus grand nombre soudé par le délire raciste du Juif.
Ce délire individuel transformé en doctrine est devenu le leitmotiv de sa propagande qui trouva un écho dans une large partie du peuple.
Comment cela a-t-il pu être rendu possible ?
Pour Ernest Jones (13), " les hommes les plus sensibles à la propagande nazie sont ceux qui n'ont été capables ni de fonder leur propre virilité en devenant indépendant de leur père, ni de combiner l'amour avec l'instinct sexuel dans leur attitude avec leur mère et les autres femmes. C'est la situation psychologique des êtres habités par la paranoïa et / ou la perversion. "
Pour Eric Fromm (14) "l'homme grandit par adaptation dynamique" devrait grandir. "Si les conditions économiques, sociales et politiques ne favorisent pas son épanouissement alors qu'il a déjà rejeté les attaches familiales qui lui procuraient la sécurité, ce déséquilibre pèse sur sa liberté au point qu'elle devient un fardeau intolérable". Il va, donc, chercher à "fuir la liberté"en se réfugiant dans la soumission. Les mécanismes d'évasion sont les suivants :

1- L'autoritarisme une tendance simultanée
- à se fondre dans un ensemble (autopunition)
- à agir selon les exigences de cet ensemble (sadisme)
2- La recherche d'éliminer autrui
3- le conformisme automatique qui renforce l'instabilité et le désespoir et relance le cycle infernal angoissant. Ce cycle, les Allemands l'ont vécu.

Particulièrement la petite bourgeoisie qui a été très affectée par :

- La chute de l'Empire (satisfaisant son masochisme)
- L'inflation qui a détruit son épargne
- La perte d'autorité parentale

le nazisme a fini de se développer sur ce mal-être général exacerbé, d'une part, par la quête de l'identité allemande, et, donc, par la recherche d'inférieurs à dominer, et, d'autre part, par la sévérité des pères de familles engendrant de multiples "personnalités autoritaires sadomasochistes"(15).
On comprend comment les traits de la personnalité masochique de Hitler, retournés en sadisme, a pu influencer contagieusement, par sa domination méprisante les masses (vue comme une foule dont il voulait devenir le dompteur). On comprend comment sa prédication de la haine a pu subjuguer une population en harmonique avec cet "évangile masochique d'anéantissement de soi (16)" et qui n'avait pas eu le temps, durant le court temps de la République de Weimar, d'intérioriser le symbole humaniste de la démocratie(17). On comprend comment en exhibant ses colères, ses vociférations, Hitler a permis la libre expression de ce qui était alors interdit. Hitler se fait objet fétiche pour organiser, agitant son fouet en peau d'hippopotame, des mises en scène perverses.
La doctrine antisémite mensongère du nazisme sera publiée dans les manuels scolaires. Sans le consensus évoqué cette publication n'aurait pas été -malgré la peur- supportée par les parents. A preuves : Devant la réprobation des Allemands, Hitler dut arrêter l'élimination des malades psychiatriques. Les nazis durent libérer des Chrétiens non Aryens convertis, sous la double pression de leurs épouses et de l'Eglise allemande. Au Danemark, en l'absence d'un consensus populaire, les nazis ne purent pas déporter plus de 500 Juifs. Le Général italien commandant la région de Nice fit arrêter le Préfet vichyste Angéli qui voulait, sur ordre du gouvernement pétainiste, déporter les Juifs.
Outre les aspects purement psychosociologiques de la survenue du nazisme, il est nécessaire de voir comment s'est constitué lentement ce consensus entre le peuple allemand et Hitler.


II- Le processus collectif du génocide

L'Hitlérisme est la mise en acte d'une tradition idéologique européenne, lentement maturée, et, qui a pris progressivement une coloration spécifique dans l'Histoire allemande. Je privilégierai trois dimensions de cette construction de l'imaginaire européen :

-Les altérations opérées dans les concepts scientifiques d'hérédité mal adaptés en politique, en philosophie et dans la littérature.
-L'évolution de la place et de l'image du Juif.
-Les signes précurseurs spécifiquement allemands


Le concept d'hérédité - dégénérescence et sa pénétration dans l'idéologie européenne

Le Darwinisme s'est introduit dans l'imaginaire de la deuxième moitié du 19° siècle, après avoir combattu victorieusement les notions lamarckiennes. Ces concepts alimentent tous les ouvrages où il est question de l'hérédité, y compris le roman d'Emile Zola : "Le docteur Pascal", le dernier de la série des Rougeon-Macquart. C'est l'idée d'une inégalité entre les races qui est retenue du concept d'hérédité. Du concept de "lutte pour la vie" on retient soit un idéal proche du libéralisme économique, soit une représentation mythique de lutte à mort.
Le docteur Prosper Lucas, dans son traité dont s'inspire Zola, exprime l'idée que l'hérédité aurait des effets fâcheux auxquels il faut remédier en croisant les familles. Cette idée est reprise de Darwin (18). Mais il faut noter que ce psychiatre (qui sera suivi par le Docteur Morel dans son "Traité des dégénérescences" paru en 1857, soit 2 ans après l'a<A partir du modèle darwinien de sélection naturelle, 2 tendances antagonistes sur les plans politique, idéologique et psychiatrique vont s'affronter :

-du côté hygiéniste ou dans la vision socialiste de la lutte des classes on organise des notions progressistes d'une science ou d'une politique capable de redresser les erreurs d'une "mauvaise" nature ou d'une société corrompue (20).
-du côté d'un eugénisme conservateur on articule une fatalité tragique des destinées humaines, l'acceptation du caractère morbide des organismes avec pour seule défense contre les dangers engendrés par les mauvais instincts en découlant : le génocide ! "Face au Mal absolu, le scalpel absolu" écrit Elisabeth Roudinesco, "si l'homme est dégénéré, il faut, pour abolir la dégénérescence, tuer l'homme et recréer de toutes pièces une humanité lavée de ses souillures et de son animalité."Toute une vision désespérée (animée par les fantasmes de chute et d'apocalypse) dont le nazisme, 50 plus tard, sera la forme la plus radicale.

Si Zola est hygiéniste ce qui le conduit à défendre Dreyfus, Drumont est eugéniste : peu importe que le Juif Dreyfus condamné, soit innocent. Il faut nettoyer la nation des monstres qui entravent son évolution naturelle !

Maurice Barrès estime qu'<> et Dreyfus représente une espèce différente. Il ne peut que se révolter si"la loi n'est pas la loi de ma race".
Mais si l'on passe de l'extrême-droite à la gauche, on constate que le darwinisme mal digéré donne autant de nausées. Proudhon écrit (21) "Juifs. (...) Il faut renvoyer cette race en Asie, ou l'exterminer." Passons sur Marx qui fait du Juif "la hideuse figure du dieu argent. " Pour en arriver au groupe parlementaire socialiste qui édite dans La Lanterne du 20/1/1898 un manifeste à propos de son refus de défendre Dreyfus, dans lequel on peut lire que la réhabilitation de Dreyfus serait financée par des capitalistes juifs pour se concilier le soutien du pays, pour tenter d'effacer leur propre méfait et de "laver toutes les souillures d'Israël."
Seul contre tous et sans le soutien du Parti Ouvrier Français, Jean Jaurès, dans son texte très démonstratif : "Les preuves" (22) dénonce les ennemis de Dreyfus, s'attaque en profondeur à la notion même de trace héréditaire, au concept d'inégalité des races, des espèces, des classes, et, proclame l'identité de l'homme avec l'homme.


L'évolution de la place et de l'image du Juif

Alors que les régions catholiques ont été les plus réticentes à donner leurs voix aux candidats nazis, les régions protestantes -à l'exception des centres ouvriers- votent massivement pour le nazisme. On a pu rattacher la "propension (des protestants)à la fusion mystique, combinée avec le respect de l'autorité à la théologie luthérienne (23)". Certains ont même résumé (24) l'Histoire intellectuelle du protestantisme par la formule choc : "de Luther à Hitler". Il est plus juste de parler comme Rita Thalmannn (25)" de religiosité luthérienne de masse." On peut dire que la conscience protestante, altérant la pensée de Luther, est passée à une "mystique profane" sacralisant l'état et la nation. Il n'en reste pas moins que la fascination par le Juif et un sentiment de rivalité(26) suscita chez Luther son propre mythe. "Scotomisant les Anciens, Luther dotait les Allemands d'une origine biblique à travers la généalogie<>. L'allemand devenait dans le même mouvement la quatrième langue sainte, après le latin, le grec et l'hébreu. Issu en droite ligne du fils de Japhet, Ashkénaze, le germain se situe mythiquement, du même coup, dans une rivalité face aux descendants de Seml. Les relations entre Hébreux et Germains ne peuvent alors que rappeler la rivalité biblique entre Abel et Caïn. () Et Luther déjà, en une sinistre anticipation des mots d'ordre nazis, écrit : <>
Pour comprendre, il est nécessaire de savoir que les Juifs arrivés en Allemagne avec les troupes romaines, bien avant les Germains, ont vu leur place et leur image se transformer jusqu'au 19° siècle.
J'évoquais, dans un autre texte (27), les effets indirects sur l'image du Juif en Europe, de la codification imposée aux moeurs par la puissante symbolique de l'Eglise catholique. Entre le 5° et le 11° siècles, l'Eglise part en guerre -y compris dans ses propres rangs- contre le mariage des prêtres, l'inceste, l'adultère, "pêchés"courants dans les usages entre seigneurs (28). Cette très sévère mise au pas réussie des instincts et pulsions les moins civilisées en l'homme réalisée par l'Eglise, entraîne un refoulement de ces désirs interdits et provoque un déséquilibre intérieur, une culpabilité (par rapport à leur mode de vie antérieur) et des sentiments de haine qui restent en attente d'un objet que le 1er millénaire va leur donner pour cible : le Juif. Dans l'Empire romain, seuls les Juifs ont le droit de ne pas honorer les dieux latins. Le Christianisme s'implante superficiellement, l'hérésie arianiste a de fortes positions. Pour mieux se placer dans la concurrence missionnaire, les chrétiens exposent sans cesse le dogme de la Trinité qui les différencient. L'attraction israélite existe en Europe(elle brille de tous ses éclats en Espagne). Elle provoque de nombreuses mises en garde épiscopales. La plus radicale s'exprime au concile de Latran -1215 :

-l'exclusion des juifs des domaines économiques et de tous ceux au sein desquels ils peuvent influencer les catholiques encore hésitants est prononcée.
-De même, l'interdit de quitter la religion catholique.
-Enfin, l'obligation pour les Juifs de porter un habit spécial, sinistre précurseur, pour éviter mariages et concubinages avec les chrétiens.

Ici, pour Alain Boureau, ("L'inceste de Judas-Essai sur la genèse de l'antisémitisme au 12° siècle", in NRFP, Gallimard, N°33, Printemps 1986, pp.25-41.) surgit "l'obsession antisémite du danger contre les biens et les femmes". () "la marque distinctive implique la ressemblance. Le Juif devient duplice : le double maudit, l'homme en trop" "Tout aboutit au point aveugle de la haine." Une coïncidence se produit entre l'apparition de l'antisémitisme et l'invention de récits étrangers à la tradition évangélique. L'inceste fonctionne dans ces récits légendaires comme mythe d'origine dans lequel le Juif apparaît -sous les traits de Judas- comme un incestueux non repenti, alors que l'incestueux repenti, le Pape Grégoire(fin du XII° siècle), est le bon chrétien.
Du 11° au 19° siècles les Juifs vont demeurer au ban de la société, parqués à l'écart des non-Juifs, obligés de pratiquer l'usure interdite aux Chrétiens. En 1873,sous l'influence des Lumières, Les Juifs retrouvent leur dignité. Joseph 1er promulgue "la charte de Tolérance" qui reconnaît aux Juifs les mêmes droits et privilèges qu'aux autres sujets, mais détruit, du même coup la structure sociale et culturelle des communautés. Cette libéralisation, fait sortir les Juifs de leurs ghettos, avec leurs vêtements spécifiques et leur parler concurrentiel : le yiddish dialecte germanique.
Une conjonction se réalise entre cette libéralisation des Juifs, le nationalisme et la naissance d'un capitalisme agressif, où, le succès économique et social des Juifs est vécu, pour les uns, comme une réussite matérielle critiquée par l'Aufklärung, et, pour les autres, comme la conséquence d'une idéologie issue de la Révolution Française. L'antisémitisme comme terme et comme notion liés à l'idée de race apparaît pour la première fois en 1873, au moment d'une crise en Autriche-Hongrie, où le Juif est pris comme bouc émissaire. Ce terme est inventé par un journaliste Wilhelm Marr dans une brochure qu'il intitule : "La victoire du judaïsme sur le germanisme". Le Juif n'est plus seulement l'adepte d'un rite mosaïque comme au Moyen-âge, mais le porteur d'un trait distinctif racial et dégénéré (selon une lecture mal comprise de Darwin) (29). Ainsi que l'indique Elisabeth Roudinesco(30)"Contre la noblesse de sang, la Bourgeoisie avait proclamé l'égalité des peuples, des hommes et des nations. Au nom de la science, elle reprend maintenant son dû en proclamant le culte d'une race élue et supérieure."


Les signes précurseurs spécifiquement allemands

Ces influences ont agi sur l'imaginaire des Allemands. Non pas de tout le peuple allemand, mais, de courants dominants entrant en fusion avec une situation historique et économique passant à l'acte dans le nazisme. L'ascension, donc, de Hitler est la conséquence de conflits présents dans l'histoire allemande dès le XIX° siècle. En ce sens, le nazisme est une résultante et non un accident de l'Histoire. Résumons les prémices proprement germaniques de l'Hitlérisme :

1- Les défaites contre les armées de Napoléon mettent fin au Saint Empire Romain et Germanique (dont la justification était la lutte contre les slaves et la protection des Juifs en échange du "Judengeld" (31) ) et provoquent une réaction nationale menée par la Prusse toute baignée d'idéalisation de l'Allemagne féodale avec ses mythes et légendes.
2- Ce nationalisme naissant prône une conception organiciste de l'Etat : la société comme ensemble harmonieux d'ordres hiérarchiques.
3- A la même époque se développe l'école du "droit historique" de Carl von Savigny : chaque peuple a son système juridique né de son histoire propre.
Ces théories organicistes et juridiques de l'Etat, infléchies après 1804 et 1870 vers l'autoritarisme et l'anti-libéralisme, allaient imperceptiblement conduire à son excès hitlérien, après la défaite et l'exacerbation du sentiment national en 1918.
4- L'économie allemande connaît sous Guillaume II un essor considérable créant progressivement un état d'esprit impérialiste (une Weltpolitk (32)) réfréné par l'impossibilité à se créer un véritable empire colonial, d'où une frustration.
Nietzsche écrira : "Je considère la Prusse actuelle comme très dangereuse pour la civilisation". En 1905, Romain Rolland décrivait ces paroles prémonitoires : "Toutes les fois que je vais en Allemagne, j'ai l'admiration et un peu l'effroi de cette magnifique machine que semble la nation allemande. Tout cela est capable de manger, de penser, de vouloir et d'agir comme un seul homme."


Le mot Peuple (Volk en allemand) contient à la fois une signification colorée de nation et de race. Donc, Hitler jouera sur un glissement de sens déjà là, souterrainement dans le peuple allemand, sous l'influence des interprétations fascisantes qui furent données des oeuvres de Nietzsche et de Wagner. On passera de l'Etat-Nation à l'Etat-race. On infléchira la notion de Peuple en notion de race aryenne et la notion d'antisémitisme en racisme. Dès lors, La race aryenne étant la race élue, le peuple-race allemand est le peuple élu de Dieu et il ne peut y avoir de place pour deux peuples élus (GOTT MIT UNS était l'emblème de l'armée allemande). Il faut donc détruire le peuple élu en miroir : le peuple juif.
Mais il y a aussi dans la solution finale un fantasme cannibalique : Le peuple juif transmet son élection par Dieu à qui l'écrase et le détruit. Comme dans la société primitive on prenait la puissance du chef en le mangeant. C'est Goebbels qui écrit que les nations qui ont compris le jeu des Juifs et les ont combattus vont prendre leur place pour la domination du monde. Et Himmler de son côté écrit : "nous devons l'art du gouvernement aux Juifs."



Conclusion

Il n'est pas d'autre voie pour l'antisémite que de détruire le Juif pour - croit-il - détruire l'image du double maléfique qui l'habite lui-même à son insu. Le Juif on le voit est en même temps le mal absolu et le modèle à incorporer. Ce dont souffre l'antisémite, c'est de l'atrocité d'être à la fois identique au Juif et hors de son atteinte (33). D'être à la fois le Chef Hitler et l'objet de sa passion : le Juif. Le tout et le rien. Etre le chef, c'est courir le risque d'être déchu ou bien être l'objet de sa passion, être le Juif, c'est risquer de devenir déchet. Voilà la source du Génocide. Je ne sais pas si j'ai réussi à vous faire comprendre le Génocide. J'espère, en tout cas, avoir mis vos esprit en éveil et vous avoir convaincu, au moins, qu'à l'origine, ce qui constitue l'objet-cible du Génocide est d'abord rendu possible par un mouvement primaire de haine en attente en chacun de nous. Si je me suis étendu sur le génocide d'hier, c'est parce que cette haine en attente peut toujours changer d'objet-cible Hier, le Juif. Aujourd'hui, l'arabe. Et demain ?



après la race supérieure, le sexe supérieur

l'émission d'envoyé spécial du 28/4/5 tourne au délire féministe: En caricaturant un peu, on nous dit que michèle alliot marie est la meilleure des ministre de la défense non parce qu'elle est compétente mais parce que c'est une femme tout simplement.

Qu'est ce que c'est que ces lavages de cerveaux qui visent à faire une propagande féministe à la "chiennes de gardes" ?



8 ans deja

1996/1997 : mardi : lettre italienne (ndlr : Nathalie T) journée Chambery (K.K) achète Nietsche commentaires+magnétisme
1997/1998 : mercredi : je vois Aspirant M sur sa moto; suis convoqué chez l'Adjudant-Chef (schlecht ↓); j'attends dans ma voiture (place Agricola); pluie diluvienne; Mac Do; j'ai pris trop de magnésium → violentes diarrhées (↓); « tu es antimilitariste ? » (ndlr : Adj Cz)
1998/1999 : jeudi : va fac (ménard, "rouquin", ludo); biblio : Momo internet; j'emprunte livre de Kelley; Quick Giant+hamburger; télé : Le crime de l’orient express, sur la corde raide (C eastwood)
1999/2000 : samedi : salle informatique de l'école; Charmed; émission sur les records
2000/2001 : dimanche : (ndlr : fin vacances Pâques) 11h32 je prends le TER; 13h05 → 16h05 TGV; Le Chacal
2001/2002 : lundi : 14h rdv Andro; rendre livres biblio (Fait); tèl Nath : dois la rappeler demain
2002/2003 : mardi : hôsto !
2003/2004 : jeudi : légère déprime (filles) → confirmée (1l coca); 10h30 séminaire JFQ me paie café, impair après : « oui je pense »; 12h→ 13h V me convoque pour m'annoncer que j'expose le 21 juin; 14h10 taking lives; se promène Cial; va bureau thésards (Ewan;) croise MCF (SL) ≈20h

ça ne passe pas!

Je vois hier dans l'émission envoyé spécial sur l'affaire Outreau une avocate nous dire en gros: "Il fallait un prêtre dans cette affaire".

Comme si la justice était devenue un grand spectacle dans lequel les juges nous recrutent, nous, acteurs involontaires de leur mise en scène morbide...



samedi, avril 23, 2005

8 ans déjà

1996/1997 : mercredi : 16h : cours c---aing; directrice CEFEM annonce ENS ? Songe à tèl stéphanie C; cassette : COPYCAT
1997/1998 : jeudi : regarde clips seul, se barre en ville à 12h, friends emmène petigas gare, rencontre machenaud sur sa moto à 17h22
1998/1999 : vendredi : † Beloute, CD you are bot alone, quick’n’toast, va lyon->lettre recommendée télé : les années tubes, courbet : femmes d’exception
1999/2000 : dimanche : Repas jeannot, cyr, bert
2000/2001 : lundi : Mntel, télé : à la poursuite d’octobre rouge, Mots croisées
2001/2002 : mardi : rdvous Albert (ndlr : médecin) 10h30 tèl de Nathalie
2002/2003 : mercredi
2003/2004 : vendredi : fille s’assoit à coté de moi tram en me regardant en insistant, Nick Chambon (cf mess W)

vendredi, avril 22, 2005

nécessité d'une opposition

Tout système qui refuse la concurence est dangereux en ce sens où il a les pleins pouvoirs. L'Education Nationale s'est imposée dans ce pays comme une religion, une toute puissance qui n'admet aucune contradiction. Je vois aujourd'hui sur france 3 un reportage montrant une enseignante de philosophie de Lens donner des cours de soutiens pendant les vacances...

Qui peut encore aujourd'hui prétendre que le Bac est un obstacle ? Comment peut on à ce point ne pas voir que le toujours plus de diplômes est la solution ?

Alors à quoi sert de montrer cela si ce n'est d'encore essayer d'anesthésier le peuple pour qu'il croit encore que sont avenir est rose ?

De même l'élève qui a été exclut de son lycée pour avoir écrit un Blog jugé diffamatoire à l'encontre d'une enseignante n'a -t-il pas plutôt été exclut pour avoir osé toucher à l'image narcissique du Ministère des Ministères ? ...

8 ans déjà

1996/1997 : mardi: Datoora: VooDoo believe (CD); tèl de Père élève prépa HEC; reporte Lajarige; tèl Ménard; Ennemis Rapprochés
1997/1998 : mercredi: matin cool: Clips (M6); Motus; midi : va en ville (Figaro); cours foyer (virginie, malika); ≈17h30 : va continent (achète maillot de bain, îles flottantes); une vacancière me demande de la prendre en photo; un anglais me demande où trouver un magasin de disques; US Marshall (↑) : le SGT T assiste à la séance avec un "pote"
1998/1999 : jeudi ≈1h20 Mntel; fait sauter TD Opérateurs; Direct (Pasqua); un peu déprimé (café)
1999/2000 : samedi : Ardisson
2000/2001 : dimanche : Assassins (Stallone); France Europe Express (Hollande)
2001/2002 : lundi : 16h30 The abstract structure of Banach groups (exposé); je tèl responsable Servais; retour cassettes (Jeux Interdits); envoi corrections Servais
2002/2003 : hôsto !
2003/2004 : jeudi : séminaire (Barbara); Les prisonniers du temps (2 x)

jeudi, avril 21, 2005

8 ans deja

1996/1997 : lundi : 14h-16h : cours c---aing
1997/1998 : mardi : aspirant M ! film : Vampires
1998/1999 : mercredi : coiffeur (↑) cassette : Deep Impact, Delarue : sosies, doublures, nègres
1999/2000 : vendredi : A tèl : Véro Pacsée+Start up télé : Succès
2000/2001 : samedi : va lyon (≈ 400F) Qui veut gagner des millions, l’émission de tous les records
2001/2002 : dimanche : Lepen !
2002/2003 : lundi de pâques
2003/2004 : mercredi : UGC : instincts meurtriers (2 Χ) 2 jolies « russes » au TP Raphaelle

mercredi, avril 20, 2005

8 ans deja

1996/1997 : dimanche : k----ka tèl, c---aing tèl
1997/1998 : lundi : 72h cané le matin (artrite) se lève 11h va chercher voiture chez pupier
1998/1999 : mardi : note KdV 12/20, cours K theorie [2] cours baillon [5] films : permis de tuer+ portrait ds la nuit (M6) (C Cox)
1999/2000 : jeudi : tele : envoye special
2000/2001 : vendredi, tele :graine de star+sans aucun doute
2001/2002 : samedi: 1er tèl Nathalie...
2002/2003 : dimanche de pâques
2003/2004 : mardi : UGC : fenêtre secrète (2 ×) Monster

17 principes

1) Acquérir la fermeté de propos
2) Créer un cerveau collectif
3) Se constituer une personnalité attrayante
4) Savoir appliquer sa foi
5) Consentir l'effort supplémentaire
6) Faire preuve d'initiative personnelle
7) Acquérir une attitude mentale positive
8) Maîtriser son enthousiasme
9) Se donner une discipline personnelle
10) Acquérir une pensée précise
11) Contrôler son attention
12) Inspirer le travail d'équipe
13) Tirer parti des épreuves et de la défaite
14) Cultiver une vision créatrice
15) Conserver une bonne santé
16) Budgétiser son temps et son argent
17) Tirer parti de la force cosmique (les lois immuables de la Nature)

accident de car a st omer

Je viens d'apprendre ce matin qu'un accident de car contenant des collégiens avait eu lieu à st omer dans le pas de calais. Outre que cette région soit particulièrement riche en symboles pour moi, j'y vois un signe de Dieu qui en a assez que l'éducation nationale soit en france une quasi religion...

mardi, avril 19, 2005

Les prophéties de Saint Malachie

En 1595, paraissait à Venise un ouvrage écrit par un moine bénédictin, Arnold Wion, et consacré aux évêques de son ordre. Arrivé à Saint Malachie (1094-1148), celui-ci donne une petite liste de prophéties qu'il attribue à cet ancien évêque et dont encore aujourd'hui, on ne peut garantir l'authenticité. Cette liste est censée définir 112 papes (jusqu'à la chute de l'église) à l'aide d'une petite maxime latine, décrivant chacun d'entre eux. Supercherie ou pas, on est bien obligé d'admettre que ces prophéties, jusqu'à aujourd'hui, sont tombés juste pour la grande majorité des papes. Quelques exemples :

"De l'enfer en travail" désignait le pape Urbain VI (1378-1389). Celui-ci, de son vrai nom "Pregnani" (du latin "praegnans" qui signifie "en travail") était né dans un quartier de Naples appelé Inferno ("l'enfer").

"Du petit homme" désignait le pape Pie III (1503). Il était de la famille des Piccolomini, qui signifie "petits hommes"...

"La lumière dans le ciel" désignait le pape Léon XIII, dont les armoiries ont une comète qui les traverse.

"La fleur des fleurs" désignait le pape Paul VI (1963-1978), dont les armes montrent deux lys d'argent.

"De l'intermède d'une lune" désignait parfaitement Jean-Paul Ier (1978), dont le pontificat dura un tout petit peu plus d'une lune : 33 jours !

Actuellement, Jean-Paul II serait le 110ème dont la devise est "du travail du soleil". Cette devise n'a pas encore trouvé son sens. Ensuite viendra l'avant-dernier pape, dont la devise "la gloire de l'olivier" pourrait décrire un pape juif ou d'origine juive (pourquoi pas le cardinal Lustiger, de son vrai nom Aaron jusqu'à son baptême en 1940, descend bien de la maison d'Israël...).

Enfin, le dernier pape, appelé Pierre le Romain à qui aucune devise n'est assignée, mais dont le nom est inséré dans un petit texte : "Au moment de l'extrême persécution de la sainte église romaine, siégera Pierre le Romain, qui paîtra ses brebis au milieu de nombreuses tribulations. Celles-ci passées, la ville aux sept collines sera détruite et le juge redoutable jugera le peuple." Celui-ci bouclera donc le règne des papes au Vatican...

Les propheties de Nostradamus

Né le 14 décembre 1503 à Saint-Rémy-de-Provence, d'une famille de juifs convertis, Michel de Nostredame, qu'on appellera Nostradamus, a sans conteste était le plus grand visionnaire du millénaire. Il s'inspira pour écrire ses centuries., de méthodes kabbalistique, d'astrologie, de tradition judaïque, mais aussi de livres de magie et de prophéties grecques. Ses prédictions s'étendent de l'an 1555 à 3797 après J.C. ! Elles sont composés sous forme de centuries., elles-même composées de quatrains.

Nostradamus a prédit 3 antéchrist qui se succéderont. Le premier est généralement représenté par Napoléon "Un empereur naistra pres d'Italie, Qui à l'empire sera vendu bien cher, Diront avec quels gens il se ralie, Qu'on ne trouvera moins prince que boucher. I, 60"), le second serait Hitler, et le troisième est annoncé pour notre époque dans le quatrain X de la 72ème centurie :

L'an mil neuf cent nonante neuf sept mois,

Du ciel viendra un grand roy d'effrayeur.

Ressusciter le grand Roy d'Angoulmois,

Avant apres Mars regner par bonheur

Si l'on tient compte de l'époque où a été écrit ce quatrain, il faut remonter avant notre calendrier actuel (grégorien) pour partir du calendrier julien. De ce fait, on obtient un décalage qui place cette prophétie non pas en juillet 1999, mais en Août de cette année, un peu après l'éclipse du 11 Août, décrite par Nostradamus comme le signe annonciateur de l'arrivée de l'antéchrist.

Dans son quatrain VIII de la 77ème centurie, il annonce que la guerre de l'antéchrist durera 27 années :

L'antéchrist trois bien tôt annihilé.

Vingt et sept ans sang durera sa guerre :

Les hérétiques morts, captifs, exilés,

Sang corps humain eau rougie grêler terre.

Mais comme de nombreux prophètes, après cette période de guerres et de misère, se lèvera pour l'homme un monde nouveau, l'âge d'or tant attendu...





Un nouveau Pape

Le 21 siècle sera religieux ou ne sera pas disait Malraux. On vient de voir une fumée blanche au Vatican qui annonce l'élection d'un nouveau Pape

Il est 18h 58: Voici ce que je lit sur le web:

Les 115 cardinaux électeurs ont élu le cardinal Ratzinger, nouveau Benoît XVI, à la tête de l'Eglise catholique. Une fumée blanche s'est élevée au-dessus de la chapelle Sixtine vers 18 h

Le Mal est il mon Mal ?

Après avoir tant critiqué mes congénères, en particulier les français, je me dois quand même de faire un minimum d'introspection et me demander si ce n'est pas en fait ma propre personne que je haïrais...

N'est ce avant tout la jalousie et l'envie qui me guident ?

Je rêve d'être ce personnage loin des réalités qui peut profiter de ses semblables sans en avoir de conséquence.

Pourquoi passer mon temps à essayer de régler des problèmes qui remontent si loin ? La véritable victoire ne serait elle pas plutôt ma capacité à oublier toutes ces souffrances passées ?

N'est ce pas avant tout avec moi-même qu'il faudrait que je fasse la paix ?

lundi, avril 18, 2005

l'Amour et la mort

Dans secrets d'actualité sur m6 sur un meurtre perpétré en juillet 2001, on nous indique que deux amants ont fait l'amour à coté d'un cadavre qu'ils venaient de bruler...

l'Amour et la mort relèvent tout deux du même instinct fondamental, ce que Nietsche appelait la volonté de puissance.

On voit combien notre société qui érige l'Amour et la sexualité au rang de religion apportera la mort et destruction...

dimanche, avril 17, 2005

Dualite et non-dualite

Dualité et non-dualité

La plus grande partie des concepts dont se sert le mental fonctionnent dans la dualité. Il n’existe pas d’ordre d’expérience humaine dans lequel la représentation n’est pas pensée en terme de concepts duels : capitalisme/communisme, fait/droit, bien/mal, vertu/vice, dieu/diable, vrai/faux, beau/laid, théorie/pratique, chaud/froid, joie/tristesse, force/faiblesse, absolu/relatif, transcendant/immanent, abstrait/concret, idéal/réel, objectif/subjectif etc. Le caractère trop systématique et formel de ce type d’opposition finit par éveiller la méfiance. La question qui se pose est alors de savoir si la dualité n’est pas seulement le propre des constructions mentales taillées par l’intellect. N’est-elle pas une source constante de faux problèmes ? N’est-elle pas sur le fond fictive ? Sans véritable portée ontologique ? Si c’était le cas, l’accès à l’ontologie devrait être nécessairement non-duel, obligeant par là à transcender la dualité du mental ordinaire.

Pourtant, toutes les dualités ne viennent pas nécessairement des constructions de la pensée. Ce n’est pas la pensée qui fabrique la dualité droite/gauche dans la symétrie du corps, mâle/femelle chez les animaux, homme/femme, pôle +/pôle – sur la pile électrique, etc. On pourrait dénombre un certain nombre de dualités qui existent dans la nature, antérieurement à toute pensée humaine. Auquel cas la pensée duelle ne serait pas une fiction et aurait aussi une portée ontologique. Etant déjà à l’œuvre dans la Nature, nous serions parfaitement fondé de la simuler dans la représentation sous la forme de concepts duels.

La question est très complexe et, depuis Parménide, elle ne cesse de resurgir dans la pensée occidentale. Dans l’histoire de la philosophie occidentale, il y a eu au moins un système qui s’est évertuer à introduire une logique non-duelle, celui de Hegel. Hegel tente de montrer que la contradiction est à l’œuvre dans les choses, sa dialectique thèse-antithèse-synthèse entend surmonter les antinomies formulées par Kant dans La critique de la raison pure. Cependant, le caractère très systématique et formel de la dialectique hégélienne finit aussi par éveiller la méfiance.

La pensée contemporaine bute sur cette même difficulté. Elle a commencé l’examen critique de la pensée. C’est tout naturellement en logique que les tentatives se sont portées. Tout récemment, Stéphane Lupasco a pu développer un programme pour introduire le dépassement de la logique de la dualité, à travers de la refonte du tiers exclus en tiers inclus. Et cette refonte ne se ramène pas du tout à la dialectique de Hegel.

Quel statut devons-nous reconnaître à la dualité ? La dualité est-elle dans la nature des choses ou est-elle seulement dans la représentation de la nature des choses ? Comment discerner une dualité fictive, qui n’est que l’ombre engendrée par les complications de l’intellect, d’une dualité réelle, présente dans le réel ?


* *
*

A. Dualité, conflit et contradiction

Il n’est pas nécessaire de donner d’emblée de la dualité une interprétation métaphysique. Il est plus facile d’en percevoir clairement la manifestation sur le plan psychologique et ses conséquences concrètes et pratiques. Or s’il est un vécu qui nous est très familier et qui a un rapport étroit avec la dualité, c’est bien l’état de contradiction dans lequel nous abordons la vie.

1) J’aime/je n’aime pas, je désire/je déteste, je veux/je ne veux pas etc. sont des mouvement qui dépendent de jugements qui, une fois prononcés, nous précipitent dans les contrariétés, les contrastes, les déchirements, les sautes d’humeur et les drames de la vie ordinaire. La plupart du temps, nous n’en avons guère conscience. Nous prenons la contradiction au niveau le plus tardif de sa manifestation, sans voir sa pensée racine. Nous avons appris à nous résigner par avance à penser que « la vie est une lutte ». Vivre dans des contradictions semble « normal ». Ce n’est que lorsque cela commence à faire très mal que nous nous en soucions vraiment.

Il suffit d’ouvrir les yeux. Quelques mots, tirés de Krishnamurti dans De la connaissance de soi à ce sujet : « Notre existence quotidienne est une série de contradictions. Nous parlons de paix, nous essayons de vivre en paix, mais nous préparons la guerre ; nous parlons de liberté, mais l’enrégimentement a lieu de tous temps. Il y a la pauvreté et des richesses, du mal et du bien, de la violence et de la non-violence. Notre vie entière est une série de contradictions. Nous voulons être heureux et nous faisons tout pour engendrer le malheur ».

Mais pourquoi ? Est-ce l’incurable sottise du genre humain qui est responsable de cet état de fait ? C’est un « fait » qui ne tombe pas du ciel, mais qui est constitué de l’intérieur par le sujet. Cette dualité est notre propre fait. Elle ne va nullement de soi.

La première approche consiste donc à examiner cette étrangeté de nos vies : je veux/je ne veux pas, vécu en même temps. Sur le même plan. Sous le même rapport. Donc je tire/je pousse en même temps, et… je m’étonne de ne pas avancer d’être mécontent, frustré et insatisfait. Je me mets dans une ambivalence et je me place délibérément dans un état de conflit et je ne vois pas l’immobilisme où je me suis placé. La Vie n’est pas statique, mais intensément dynamique. Si je pouvais couler avec le mouvement vivant de la Manifestation, sans introduire la friction d’une opposition contradictoire, ma vie serait elle-même portée par le mouvement. Je n’aurais pas le sentiment qu’elle est une lutte. Mais ce n’est pas mon expérience habituelle. Ce n’est pas du tout le lot de l’expérience ordinaire. Dès l’entrée dans la vigilance quotidienne, je perçois le monde et l’expérience, comme celui d’objets qui d’emblée sont séparés de moi, et s’opposent à moi. Il y a moi et ces choses que je dois affronter, moi et ces résistances que je dois vaincre, moi, dans l’affrontement continuel de ma volonté et des événements. Il y a moi et les autres, il y a moi et le tourbillon des événements du monde. Je vis harcelé par cette « réalité » dans laquelle je suis tombé et je me débats contre elle pour essayer de devenir quelqu’un. La traction de toujours devoir être ce que je ne suis pas encore me précipite dans le temps psychologique. J’attends tout de demain, j’espère que le futur pourra me combler, je crains qu’il ne soit fait que d’épreuves et d’échecs. J’ai peur de rater ma vie en n’atteignant pas les buts que je me suis fixé. Je cultive le scepticisme et l’amertume quand l’idéal n’est jamais au rendez-vous et que la vie n’est jamais à la hauteur de ce que je voudrais qu’elle soit. Et par-dessus le marché, cette conscience qui dit « moi », « moi », ne cesse de proclamer sa sédition à l’égard de tout le reste, pour étendre son empire sur ce qu’elle voit immédiatement comme un non-moi.

En résumé, dans le conflit intérieur il y a : a) La conscience d’une séparation entre moi et le monde est une dualité. b) L’opposition entre moi, en souci de devenir, et ce qui est, entre le devoir-être et l’être est une dualité. c) L’élément commun dans lequel la dualité prend naissance, c’est le sujet moi. Que tombe le sentiment de séparation entre moi et le monde et la dualité vole en éclat. Que prenne fin la projection du souci de devenir, et la dualité perd son fondement. Plus mystérieusement : que disparaisse le sens de l’ego, et la dualité n’a plus rien qui puisse l’alimenter.

La situation de conflit interne je veux/je ne veux pas, suppose nécessairement un choix, mais c’est un choix très particulier qui alimente la pensée duelle. Un choix qui exclut son contraire. Je veux le plaisir, sans la douleur. Je veux la joie, mais pas la tristesse. Je veux l’ordre, mais pas le désordre. Je veux la paix, mais pas le conflit. Je veux la liberté, mais pas la servitude. Je veux de la chance, sans la malchance. Je veux le bien sans le mal. Je veux de l’amour-passion, sans la haine passionnelle etc.

Et c’est là que la question devient très subtile. La Vie, dans son processus vivant, dans son expansion dynamique est une et sans division. La pensée duelle introduit la division et implémente cette idée fausse, selon laquelle nous ne devrions avoir que le positif, sans le négatif ; alors précisément que ce qui est, c’est l’unité vivante qui les englobe tous les deux. Si bien que la contradiction ne se fait pas attendre. Le seul fait de rechercher d’avantage de plaisir invite aussi l’expérience de plus de douleur. En cherchant une joie sans tristesse, inévitablement j’invite la tension des hauts et des bas, du sommet de la vague et de son creux, de la joie et de l’abattement. L’ordre sans désordre devient autoritaire et obsessionnel, le désordre revenant comme confusion mentale. La paix imposée de force, sans la capacité de comprendre le conflit, réassure et perpétue le conflit. Le culte de la bonne fortune me met à la merci du destin et me prive des bénédictions que la vie m’apporte. Le rigorisme moral du bien que l’on veut « purifier » de tout mal, si on le laissait faire, nettoierait très vite la planète de tout ce qui est vivant. On a fait au sujet de Beethoven et de Vivekananda une remarque identique : la puissance de personnalité colossale de l’un, comme de l’autre, aurait pu en faire des tyrans d’une extraordinaire cruauté. Et bien non, cette puissance s’est donnée à elle-même dans la musique chez Beethoven. Vivekananda est devenu disciple d’un grand saint de l’Inde. Cela n’élimine en rien la puissance. Quant à l’exemple de l’amour-passion, sans la haine passionnelle, c’est une illusion romantique soigneusement entretenue. Que l’on puisse encore s’y laisser piéger, contre les démentis constants de la vie, cela ne plus guère s’expliquer que par le conditionnement collectif et la confusion entretenue dans les médias.

La question de fond est que « si je choisis une des contradictions, la paix et ne comprend pas son opposé », je n’enveloppe pas la Vie dans sa totalité et je me trouve en fait paralysé, incapable d’intégrer les contraires que j’ai moi-même engendré. « Choisir un des opposés n’engendre pas l’intégration ». Dans le monde relatif, une chose ne peut exister sans son contraire. Ce type de pensée est une pensée complètement erronée, inadéquate. Penser de cette manière, ce n’est pas penser correctement. Ainsi, « ce n’est pas le choix, mais le fait de penser correctement qui engendre l’intégration. Lorsque l’on pense correctement, les contradictions ne sont pas possibles ; si nous savons penser correctement la contradiction cessera… La contradiction est la nature même du moi, le siège du désir ». Choisir dans ce qui est un pôle duel, sans son pôle complémentaire, c’est être incapable d’accepter ce qui est, c’est refuser la réalité.

Les domaines dans lesquels la pensée duelle opère sont légion. Rien ne lui échappe, car elle est liée à une erreur de l’intellect que ne voyons jamais, mais que nous reproduisons à l’envie. La question revient donc : comment penser correctement ? Le terme « correct » est assez gênant. Il a été oblitéré d’un sens excessivement statique, qui s’allie aisément avec un mode de pensée duel assez rigide. Krishnamurti le souligne immédiatement : « penser correctement et se livrer à une pensée correcte sont deux états différents… Penser juste est une chose à découvrir, tandis que la pensée correcte n’est qu’un conformisme. Penser juste est un processus, tandis qu’une pensée correcte est statique. Penser juste est mouvement continuel, constante découverte ; c’est-à-dire que ce n’est que par une constante lucidité en action (laquelle n’est autre que nos relations humaines) que l’on peut penser juste ».

2) Quand l’esprit commence par un schéma pour se tourner ensuite vers ce qui est, ou bien, quand il préfère partir de l’idéologie, pour rejoindre ensuite les fait, ou encore, quand il cultive le souci de construire en théorie, avant d’observer ce qui est, il pense de manière assez statique. Il perpétue de l’ancien et de sait pas voir de manière neuve. Et comme l’ancien a largement été modélisé par le travail de la pensée duelle, il perpétue en fait des représentations fondées sur un mode de pensée incorrect.

A partir du moment où nous pensons de manière contradictoire, nous structurons une réalité contradictoire et une société empêtrée dans ses contradictions. Ce passage nécessaire de l’individu au collectif doit être profondément compris. Dans le texte que nous suivions plus haut, l’accent est assez nettement marqué : « vivant en état de contradiction, nous sommes empêtrés dans une société contradictoire qui est le résultat de notre propre projection. Je veux, et je ne veux pas ; je veux vivre en paix ; et en même temps, je vois que je suis antisocial. Nous vivons dans un état de constante contradiction et, en conséquence, il y a désintégration ». Et la désintégration n’est que le mouvement contraire de l’intégration. La conséquence d’un processus souterrain de division et d’opposition constante dans la pensée.

Dans quelle mesure sommes-nous collectivement enrégimentés par la pensée duelle ? N’est-ce pas l’inertie de la conscience collective qui maintient son empire ? Il n’y a, sur cette question, qu’à examiner le statut très étrange de nos valeurs dans la postmodernité. Nous découvrions alors la liste indéfinie de nos oui…mais.

Prenons le plaisir sexuel. Nous aimerions nous servir de la sexualité comme instrument de notre gratification personnelle, mais nous avons aussi appris que c’était mal de le faire. Les religions en occident ont enseigné que l’on ne devait pas tirer plaisir des joies du corps et surtout pas du sexe. Nous abordons toujours la sexualité avec des relents de honte et de culpabilité. Le sexe est adulé, mais c’est aussi lui qui livre le registre de vocabulaire du mépris.

Prenons l’argent. Nous sommes très content de pouvoir en posséder et nous avons le désir d’en acquérir d’avantage, mais en même temps l’argent, ce n’est pas bien. Il est entendu que celui qui aime faire quelque chose ne devrait pas en plus recevoir d’argent. Et à la limite, il est moral de gagner de l’argent en faisant ce que l’on déteste faire. Et nous payons des salaires dérisoires à des hommes qui consacrent leur vie au bien d’autrui, tout en donnant des fortunes à ceux qui ne se livrent qu’à des exploits médiatiques.

Nous cherchons le pouvoir, ne serait-ce parce que nous apprécions le fait de sentir notre territoire augmenter. Nous nous sentons grandis quand en nous se développe un plus grand pouvoir, mais on nous a répété que le pouvoir c’est mal. Le pouvoir corrompt l’homme et un homme qui dispose de beaucoup de pouvoir doit forcément être mauvais.

De manière très ingénue, nous adorons la gloire, sous la forme des vedettes du show business, et nous sommes prêts à leur jeter à la tête des sommes d’argents considérables, mais on nous a dit et répété que la gloire, ce n’est pas bien et qu’il est mal de chercher à glorifier sa propre existence.

Nous attribuons une très haute valeur à la liberté individuelle, c’est elle que nous dressons comme le dernier rempart de notre civilisation contre la barbarie, mais prenons soin de faire en sorte que nos enfants soient solidement encadrés et conformes à nos modèles sociaux, bien « intégrés ». Nous les maintenons le plus longtemps possible sous notre autorité physique, religieuse, économique, idéologique, politique, de manière à ce qu’ils ne fassent pas un mauvais « usage de leur liberté ». En fait la liberté nous fait peur, nous la voyons comme une licence irresponsable qu’il serait dangereux de confier à n’importe qui.

Nous savons bien qu’il est important de nourrir l’amour de soi, que c’est seulement dans la réconciliation avec soi que la vie peut prendre son essor, mais on nous a aussi appris que l’amour de soi, c’est mal, qu’il vaut mieux se soucier d’abord des autres et surtout ne pas s’accorder une importance. Ce ne serait que complaisance, égocentrisme et narcissisme. Pascal dit dans les Pensées qu’il « ne faut aimer que Dieu et ne haïr que soi ». La supériorité de la religion chrétienne, dit Pascal, vient de là, de ce qu’elle enseigne la haine de soi. Nous avons un peu honte de ce qui nous procure une gratification personnelle. Si une chose doit être faite, par pur devoir, contre notre propre sensibilité, alors c’est assurément qu’elle est bonne. Aller contre soi-même nous permet de mériter le bonheur, comme prix de notre sacrifice, comme prix d’une mortification de l’amour de soi. Ce qui veut dire qu’en fait nous nous servons de la culpabilité pour nous sentir mal, à l’égard de qui nous fait du bien !


La liste est ouverte. Nous pourrions la prolonger en évoquant le soin accordé au corps, le désir en général, la connaissance de l’univers et même la relation entre l’homme et l’Absolu. Nous trouverions partout, l’ambivalence de la représentation duelle. Ainsi, le sexe, l’argent, le pouvoir, la gloire, la liberté, l’amour de soi, le désir, le corps, la sagesse, Dieu sont devenus des problèmes. Tous les débats qui mettent en jeu un objet quelconque de désir sont piégés par avance par la pensée duelle. La politique, c’est droite/gauche ! On nous a appris qu’il faut toujours tout trancher : on est pour/contre. Vous devez vous ranger en amis/ennemis, il y a nous/les autres, les proches/les étrangers, le capital/le prolétariat, etc. C’est-à-dire, qu’il est recommandé de faire abstraction de la complexité en opérant partout une simplification duelle. Ce qui bien sûr alimente les conflits.

Nous sommes incapables d’affirmer la Vie dans son intégralité et de la reconnaître dans toutes ses manifestations parce que nous n’avons jamais appris à penser autrement que dans la dualité. Nous ne savons pas mettre chaque chose à sa juste place et repenser les contraires dans l’unité des complémentaires.

B. De la dualité à la complexité
En bref, nous ne savons pas aborder la complexité autrement que par des simplifications duelles abusives.

1) Revenons sur les Pensées que nous venons de citer. Pascal a une intuition fulgurante de la non-séparation dans la Nature, dont la compréhension est mortelle pour la pensée duelle : « Les parties du monde ont toutes un tel rapport et un tel enchaînement l’une avec l’autre, que je crois impossible de connaître l’une sans l’autre et sans le tout». Ce qui veut dire que connaître, c’est toujours relier et non pas séparer, décomposer, opposer, ce qui est le propre de la boucherie de l’intellect ordinaire - comme le dit très bien Amiel dans son Journal -. Distinguer certes, mais pas disjoindre. Une chose n’existe que dans sa relation avec les autres et dans sa configuration dans un tout qui l’englobe. La relation a un sens à la fois statique, ce qui veut dire que toute situation réelle est complexe de fait, et dynamique, ce qui veut dire encore que les processus qui oeuvrent dans le réel sont causalement inter-relié. Cette interrelation n’est pas le fait de l’homme, elle est tissée dans l’intelligibilité même de la Nature, dans son fonctionnement le plus intime. D’où le passage qui suit, quelques lignes plus bas : « Toutes choses étant causée et causantes, aidées et aidantes, médiatement et immédiatement, et toutes s’entretenant par un lien naturel et insensible qui lie les plus éloignées et les plus différentes, je tiens impossible de connaître les parties sans connaître le tout, non plus que de connaître le tout sans connaître particulièrement les parties».

La conscience d’unité est indispensable dans le domaine de la connaissance. Elle est aussi d’une exceptionnelle urgence sur le plan de l’action de l’homme dans le monde. Si la Nature forme un tout, il n’est pas possible d’isoler quoi que ce soi, il n’y a pas de petite action et aucune action n’est sans conséquence, immédiatement et à long terme. Pascal le dit aussi très bien : « Le moindre mouvement importe à toute la nature ; la mer change pour une pierre. Ainsi, dans la grâce, la moindre action importe par ses suites à tout. Donc tout est important. En chaque action, il faut regarder, outre l’action, notre état présent, passé, futur, et des autres à qui elle importe, et voir les liaisons de toutes ces choses». Nous ferions d’immenses progrès, si nous pouvions immédiatement comprendre qu’il n’y a pas d’existence séparée. Tout est lié dans le champ de la connaissance, comme tout est étroitement lié dans la Nature. Or le propre de la pensée duelle, c’est justement d’aller en sens inverse, de penser dans la séparation, la disjonction, là les choses ne sont ni séparables, ni disjointes.

Il y a une relation entre dualité-simplification et non-dualité-complexité. Ce que nous allons examiner maintenant. L’opération de la pensée duelle consiste à diviser, opposer, fragmenter. Nous appelons pensée fragmentaire ce mode repré­sentation qui, comme le montre David Bohm, sépare ce qui dans le réel est en fait intimement lié et qui aussi par ailleurs recrée aussi de fausses unités qui n’existent pas dans le réel, mais seulement dans les concepts.

2) Les textes magnifiques de Pascal ci-dessus, sont souvent cités par les auteurs qui militent aujourd’hui pour une réforme de la pensée et le passage à un nouveau paradigme, le paradigme de la pensée complexe, dont Edgar Morin en premier chef.

Le propos d’Edgar Morin se place d’abord sur le terrain épistémologique. Il examine le paradigme de la science classique, ses principes d’intelligibilité et ses limites ; pour lui opposer un nouveau modèle plus à même de rendre compte du réel que celui de la science classique, le paradigme de la complexité. Nous ne pouvons pas ici entrer dans le détail de cette question. Ce qui réclamerait une autre étude. Il nous suffit d’examiner les principes et de voir si nous pouvons effectivement discerner en eux l’opération propre à la pensée fragmentaire.

Partons des analyses conduites dans Science avec conscience. Selon Edgar Morin, la science classique, fondée par les modernes avec Descartes et Galilée, est structurée sur un modèle analytique qui progresse par simplification de son objet et a donc tendance à éliminer l’appréhension de la complexité. La représentation de la science moderne est à la source de toute une série de problèmes que nous rencontrons aujourd’hui. Edgar Morin insiste surtout sur la situation de fragmentation extrême du savoir en une multitude de disciplines compartimentées, qui s’ignorent les unes les autres. Et ne peuvent donc jamais travailler en synergie. D’où l’importance d’un travail transdisciplinaire pour rétablir une pensée globale, là où la représentation est en miette, là où le savoir devenu tellement spécialisé, qu’il est de plus en plus ésotérique, clôt sur lui-même et incommunicable au profane. D’où la nécessité de surmonter les contradictions que nous ont laissé les représentations fondées sur ce type de pensée, pour « tenter de concevoir le noeud gordien des profondeurs où tout est indissolublement et indescriptiblement lié ». Si on reprend les oppositions dressées dans Science avec conscience sous la forme d’un tableau, on obtient ceci :



Ancien paradigme
Nouveau paradigme

Analytique, simplificateur et réducteur
Systémique, complexe et ouvert

1) Le principe d’universalité, « il n’est de science que du général », règle positiviste par excellence, expulse ce qui est local et singulier.
Le principe d’universalité reste valide mais insuffisant, il faut prendre en compte ce qui relève du local et du singulier.

2) La science classique ne prend pas en compte l’action du Temps et fait très peu de cas de l’historique.
Intègre l’irréversibilité du temps et son dynamisme créateur. En biologie, doit le faire en terme d’ontogenèse, de phylogenèse et dans la théorie de l’évolution.

3) Procède essentiellement par l’analyse, raisonne sur des parties, ou unités élémentaires.
Reconnaît l’impossibilité d’isoler des unités élémentaires à la base de l’univers physique

4) Ramène le savoir à ses principes d’ordre, lois, constance et invariance. Disqualifie par avance toute connaissance incapable de se structurer suivant ce modèle
Reconnaît que la question de l’organisation est incontournable, au niveau biologique, mais aussi sur le plan anthropologique

5) « Causalité linéaire, supérieure et extérieure aux objets »
Adopte une causalité complexe, circulaire, enveloppant rétroaction, synergie, détournement et réorganisation

6) Modèle mathématique qui tend à ériger en explication souveraine la suprématie de l’ordre dans un déterminisme universel.
Considère les phénomènes dans une dialogique : ordreðdésordreðinteractionðorganisation
Ç ï Ã

7) Cherche à isoler son objet par rapport à son environnement : Physique, biologie de laboratoire.
Adopte le principe de distinction, mais non de disjonction entre l’objet et son environnement.

8) Pratique une disjonction sujet/objet observateur/observé. La vérification des faits suffit à garantir une absolue objectivité qui exclut le sujet connaissant.
Admet que le savoir se structure dans la relation sujet-objet, observateur-observé. Il y a nécessité d’introduire le sujet humain, dans sa culture, son histoire, sa définition anthropologique

9) Tend donc à éliminer la problématique du sujet dans (et de) la connaissance scientifique.
Admet la possibilité et la nécessité d’une théorie du sujet

10) Réduit la connaissance du réel à l’objectivable, au formalisable et au quantifiable, tend à éliminer par avance la question de l’Etre.
Admet qu’il est nécessaire d’envelopper tous les plans de réalité, et de donner un contenu physique, biologique et anthropologique à la catégorie d’existence

11) Considère que l’autonomie n’est pas concevable à l’intérieur des sciences.
Considère qu’il est possible à partir d’une théorie de l’auto-production de reconnaître scientifiquement la notion d’autonomie.

12) Suppose la fiabilité absolue de la logique de la dualité, pour recevoir ou non une théorie. Toute contradiction apparaît alors nécessairement comme le signe d’une erreur
Admet la limitation de la logique. Reconnaît la limitation interne de toute démonstration formelle. Reconsidère la contradiction pour y voir l’indice d’un domaine plus profond de réalité

13) Soutient penser que dans des idées claires et distinctes, dans le cadre d’un discours monologique censé envelopper et rationaliser le réel.
Admet qu’il est indispensable de penser de manière dialogique et par macro-concepts, en liant des notions éventuellement antagonistes.


(notes bibliographiques dans version définitive)

Quelques explications rapides : (1) Réintroduire le singulier et le local, c’est renoncer à la prétention d’un empire totalitaire de l’universel. Le singulier et le local restituent le sens de l’ambiguïté. C’est aussi ce qui permet de recevoir la connaissance de l’histoire, bien qu’elle ne puisse se porter candidate au statut de science universelle (2) Réintroduire l’action du temps en physique, c’est retrouver la puissance du Devenir et ne plus se contenter d’opposer le temps subjectif, avec le temps objectif. Ce travail a été mené par Ilya Prigogine en physique. (3) Reconnaître la corrélation infinie des événements et la non-séparation des éléments du réel, c’est dépasser la coupure qu’introduit l’analyse en repensant tout élément dans un tout qui le précède. Le succès immense de la chimie est venu de son modèle fondé sur l’analyse. Aujourd’hui l’écologie et la biologie et la théorie des climats a admis que le Tout doit être envisagé avant ses parties. La physique quantique a très bien compris le sens de la non-séparation des événements dans la Nature. (4) Penser en terme de processus d’organisation et pas seulement en terme d’ordre, est une leçon que la biologie nous a appris, mais son prolongement est nécessaire dans les sciences humaines. (5) La pensée systémique, issue de la cybernétique, a complètement renouvelé le problème de la causalité et son application a été faite en biologie et dans la théorie des climats. En économie la notion a aussi une grande portée. (6) La physique a appris à réintégrer le désordre et a remis en question le déterminisme au niveau le plus subtil de la matière. (7) La zoologie a remis en cause la prétention à tirer un savoir valide de la seule expérimentation sur l’animal en laboratoire. C’est dans son environnement que le vivant doit être étudié. (8) Fait nouveau dans la physique, la remise en cause de la séparation observateur/observé dans la mécanique quantique. La science n’existe que pour le sujet qui la construit. Il n’existe par d’objectivité absolue (9) Comte disqualifiait la psychologie. La science classique édifiait un savoir à prétention universelle et qui resterait identique, même si n’y avait pas d’être humain. Nous savons que ce point de vue est complètement erroné. (10) Depuis Descartes, la dissociation de la subjectivité (située dans la substance pensante, mais chassée hors de la science) et de l’objectivité (située dans la substance étendue) est un présupposé admis de la démarche scientifique. Mais l’objectivité n’a aucun sens, indépen­damment du sujet. La subjectivité est le fondement de tout savoir. Le quantitatif n’a aucun sens, coupé du qualitatif. La vie est subjectivité. (11) Le concept d’autonomie n’a quasiment aucun statut dans la biologie mécaniste. Il a dû trouver refuge en morale. Mais nous savons aujourd’hui que l’auto-référence est au fondement même des processus vivants. Il permet d’intégrer tout les processus vivants. (12) E. Morin cite Niels Bohr : « Une vérité superficielle est un énoncé dont l’opposé est faux ; une vérité profonde est un énoncé dont l’opposé est aussi une vérité profonde. ». La logique de la dualité classique ne caractérise qu’un mode de pensée élémentaire, le passage à l’appréhension du complexe suppose une réforme de la logique. Gödel en mathématique a mis en évidence les limites de la démonstration magique au sein de systèmes formels complexe. (13) Le projet cartésien a eu le succès qu’il méritait, mais nous savons aujourd’hui qu’il est nécessaire de renouveler notre modèle de la science, de fonder une nouvelle manière de penser fondée non sur l’analyse d’un objet, mais sur son interaction avec d’autres objets, dans des système de plus en plus vastes.

La différence de point de vue entre l’ancien paradigme et le nouveau est très étroitement liée à la nécessité de dépasser la pensée dualisante. Il est incontestable que l’orientation cosmoderne de la pensée nouvelle enveloppe une conscience des limites de la dualité bien plus élevée que celle de la pensée moderne. Nous voyons donc que la question de la dualité n’est pas une question annexe, ni anecdotique, et encore moins une sorte d’effet de mode de la pensée orientale. Comme l’a très bien vu Hans Jonas, le mode de pensée du dualisme est un trait décisif de l’histoire mentale de l’espèce humaine. Nous ne comprendrons jamais rien à la pensée et à la structure du mental, tant que nous n’aurons pas élucidé le sens de la dualité. Mais la science le peut-elle ? La science n’est-elle pas faite par nature pour demeurer dans un mode de représentation duel ?


C. Le choc métaphysique de la non-dualité
Hans Jonas dans Le phénomène de la vie, dit que « si nous identifions le domaine de la nécessité à la caverne de Platon, alors la théorie scientifique ne conduit pas hors de la caverne ; et son application pratique n’est pas non plus un retour à la caverne : elle ne l’a tout bonnement jamais quittée. Elle est entièrement de la caverne et donc n’est pas du tout de la théorie au sens platonicien». Nous pouvons faire exactement la même remarque au sujet de la dualité. Tant que la représentation duelle n’est pas mise en cause, comprise et dépassée, on ne peut pas en sortir, on est tout simplement dedans. Que l’on soit femme de ménage, travailleur à la chaîne, ministre, physicien, économiste, philosophe, prêtre, acteur de cinéma ou chanteur de charme etc. Le monde de la caverne est le monde de la dualité. La demeure de la caverne, celle du monde sensible, est celle du relatif, et dans le relatif, aucun concept ne saurait subsister sans son contraire. La plus grande partie de notre expérience quotidienne, se situe dans le domaine relatif des relations élémentaires. Notre expérience empirique se situe dans le champ du relatif, dans le champ de la dualité tracé dans les sillons de l’attitude naturelle dans la vigilance. Maintenant, à supposer que brusquement nous sortions de la dualité, que nous entrions dans un éveil plus élevé. Nous aurions dès lors un nouveau point de vue. La pensée ferait un saut d’intelligibilité. Or, pour parler comme Platon, dans le monde intelligible, dans le domaine des relations sublimes, dans l’absolu, rien de ce qui existe n’a de contraire. Si l’appréhension de la dualité est coextensive à la pensée dans vigilance, il est indispensable, pour entrer dans le champ des relations sublimes, que l’intelligence transcende son fonctionnement ordinaire. L’accès à la non-dualité est une sorte de saut quantique de la pensée et un changement radical de perspective.

Est-il possible de frayer un passage de l’appréhension de la dualité à l’appréhension de la non-dualité ? Un familier de la pensée antique ferait immédiatement un rapprochement, entre ce que nous venons d’aborder et la transition qui s’effectue de Platon à Plotin.

Toute philosophie est ancrée dans une expérience décisive qu’elle ne cesse de commenter et à laquelle elle ne cesse de revenir. Or, justement Plotin se réfère à une expérience d’unité qu’il aurait connu à plusieurs reprises. C’est la réminiscence de la conscience d’unité qui irrigue toute sa pensée dans les Ennéades.

L’appréhension de la dualité, comme l’éclatement d’une diversité irréductible est la perception commune de l’attitude naturelle. Celle de la pensée discursive dans laquelle l’opposition sujet/objet est durcie dans des oppositions inconciliables. Pour Plotin, il s’agit là de la forme la plus faible de la contemplation. Celle qui tient à l’appréhension de la matière détachée de tout principe d’unification. Le discours d’une âme égarée dans la diversité. Que la contemplation s’intériorise d’avantage et elle pénètrera dans le royaume de l’intelligence où l’unité se fera de plus en plus vivante, où la dualité prendra fin. Le chemin de la non-dualité est un chemin de connaissance de soi et c’est aussi un pas vers l’intérieur. C’est aussi la conversion intérieure de l’âme. Telle est l’aube de la sagesse. Dans l’âme sage « les objets connus en viennent à être identique au sujet qui connaît, parce qu’elle aspire à l’intelligence. Dans l’intelligence, sujet et objet sont évidement un, non plus par une intime union comme dans la meilleure des âmes, mais d’une unité substantielle ; être et penser, c’est la même chose, le sujet n’y est plus différent de l’objet». L’âme en chemin, l’âme qui cherche, est engagée dans la contemplation. Elle cherche depuis toujours cette unité substantielle du premier Principe qui est au fondement de l’intelligence elle-même et « ce principe n’est donc pas l’intelligence, et il échappe à la dualité». Que le voile de la dualité se déchire, que l’unité sous-jacente soit révélée et la perception de la diversité sera radicalement transformée, car la diversité sera vue dans l’unité du Principe qui soutient toute manifestation et non pas séparée. « Le Principe, c’est tout en Un, tout y est à la fois, chaque partie y est l’ensemble, mais de ce principe, qui reste immobile en lui-même, procèdent les êtres particuliers, comme d’une racine, qui reste fixée en elle-même, provient la plante : c’est une floraison multiple où la division des êtres est chose faite, mais où chacun porte l’image du principe. »

Disons le carrément, une telle vision relève directement de l’expérience spirituelle, de la mystique. La modernité a fait l’amalgame entre la mystique et la religion a associé la mystique avec une forme de confusion C’est pourquoi elle a été, dans les temps modernes, regardée avec suspicion. La pierre de touche sur laquelle est fondée la vérité de la représentation, est, de l’aveu même de Kant, l’expérience empirique. Voyez ce que Kant écrit dans La Critique de la raison pure à ce sujet. L’expérience empirique est dominée par la dualité. Transcender la dualité signifie donc transcender l’expérience empirique. Dans la mesure où la spéculation elle-même se maintient dans les limites de l’expérience empirique, elle n’a aucune chance de pouvoir parler de ce qui pour elle est tout simplement non-perceptible. Elle peut tout juste jouer avec des concepts. Kant a donc beau jeu de se moquer de Platon et de sa colombe légère ! Il s’est interdit par avance toute intuition plus élevée. Depuis l’aube de l’humanité, de l’antique Rig Veda, jusqu’à la spiritualité contemporaine, toute la mystique fait référence non pas à l’expérience empirique, mais à l’expérience spirituelle, ce qui invariablement conduit à un dépassement de la dualité.

La trace de la non-dualité est partout présente dans l’itinéraire de la Pensée. En Orient bien sûr, mais en Occident aussi. Relisez Héraclite : « l’Un, la sagesse unique, refuse et accepte d’être appelée du nom de Zeus ». Qualifier l’un serait le réduire à un prototype humain. Ce qui serait un péril religieux. Mais repousser l’Un serait l’éloigner excessivement de notre pensée, or nous ne pouvons penser sérieusement que par rapport à lui. « La sagesse consiste en une seule chose, à connaître la pensée qui gouverne tout et partout ». Et Cela ne répond plus aux qualifications duelle de la pensée ordinaire, de cette pensée qui est prompte à raisonner en bien/mal, noir/blanc etc. Ce qui est, est toute chose et enveloppe tous les contraires. « Dieu est jour et nuit, hiver et été, surabondance et famine. Mais il prend des formes variées, tout de même que le feu quand il est mélangé d’aromates et qu’il est nommé suivant le parfum de chacun d’eux ». Evidemment, ce n’est plus d’un dieu moral dont il est question ici, mais d’un Principe cosmique qui enveloppe toute à la fois création-conservation-destruction. C’est ce seul aspect que les commentateurs retiennent souvent à travers le fragment : « Il faut savoir que la guerre est commune, la justice discorde, que tout se fait et se détruit par la discorde ». Ce qui mutile évidemment l’intuition d’Héraclite qui a en vue un principe d’intelligibilité supérieur au processus de la destruction et qui l’enveloppe. Y compris dans les affaires humaines. « La Loi, c’est encore d’obéir à la volonté de l’Un ».

Les présocratiques ont de même très bien compris que l’appréhension de l’unité au sein de l’Etre n’est possible que lorsque la perception du temps psychologique est abolie. Parménide écrit « l’Etre est incréé, impérissable, car seul il est complet, immobile et éternel. On ne peut dire qu’il a été ou qu’il sera, puisqu’il est à la fois tout entier dans l’instant présent, un, continu ». Ce sur quoi Plotin revient très souvent. L’appréhension de l’unité n’est possible que si l’intelligence peut mettre entre parenthèses la division des dimensions temporelles. L’Etre « possède en entier sa propre Vie, sans y rien ajouter dans le passé, ni dans le présent, ni dans l’avenir ». Et en conséquence, « l’éternité est la vie infinie ; ce qui veut dire qu’elle est une vie totale et qu’elle ne perd rien d’elle-même, puisqu’elle n’a ni passé, ni avenir, sans quoi elle ne serait pas totale ».

La Vie infinie est un Soi qui perpétuellement cohère avec Soi, et c’est précisément cette enstase qui désigné dans les traditions spirituelles par le terme l’Un. De l’Un qui se tient perpétuellement près de soi et procède toutes choses y compris la pensée. Plotin de cache pas que la pensée ne saurait l’atteindre. Elle doit rester sur le seuil et c’est dans le silence que l’éblouissement de l’unité peut lui être donné. La contemplation de la pensée peut remonter la procession de la Manifestation vers sa source, mais à terme, il y a un saut, un saut qui n’est pas de l’initiative de la pensée. L’unité n’apparaît que lorsque le mental perd la tête ! Le paradoxe est ici total. La pensée ne peut saisir l’unité et ne peut l’enfermer et cependant il est possible d’en faire l’expérience. Il y a bien un embrasement soudain de l’unité, une expérience et même une expérience verticale. Mais elle se situe aux frontières du dicible. Ce n’est pas vraiment une expérience, car toute expérience se situe dans la dualité sujet/objet. Quand le Sujet pur seul demeure il ne saurait y avoir d’expérience au sens ordinaire du terme. Ce qui veut dire aussi que parvenu à ce point le sens de l’Identité n’a plus rien d’individuel. C’est plutôt un sentiment immanent à la pure conscience du Soi. Quelques mots de Nisargadata Maharaj : « L’état d’identité est inhérent à la réalité et il ne s’efface jamais. Mais l’identité n’est ni la personnalité impermanente (vyakti), ni l’individualité liée au karma (vyakta). C’est ce qui reste quand toute auto-identification est abandonnée parce que perçue comme fausse – la pure Conscience, la sensation d’être tout ce qui est ou pourrait être. La conscience est pure au début, et pure à la fin ; dans l’intervalle, elle est contaminée par l’imagination qui est la source de la création. A tout instant, la conscience demeure la même ; la connaître telle qu’elle est, identique à elle-même qu’elle soit pure, ou voilée, c’est la réalisation et la paix intemporelle ».

Comme la représentation de la dualité surgit au sein de la vigilance, sous la forme de l’opposition sujet/objet, il faut s’attendre à ce que la réalisation de la non-dualité vienne redresser la vigilance elle-même. Et les textes du Vedanta sont tout à fait clairs sur ce point. Abruptement, Maharaj dit : « Quand le mental est calme, absolument silencieux, l’état de veille n’existe plus ». Ce qui veut dire n’existe plus sous sa forme habituelle de vigilance marquée par la séparation et la dualité. Le jnani qui est établi dans cet état est en conscience d’unité. Il parle à partir de cet état. Sa vision est une vision de l’unité. Cependant les mots ne sont pas la chose et la chose ne tient jamais dans les mots. C’est pourquoi la description n’est jamais exacte et il est de bonne guerre d’apprendre à casser les concepts sitôt formulés. La vision de l’unité transcende tous les concepts, y compris le "concept" de vision d’unité. C’est ce qui est souvent très déroutant dans certains textes contemporains.

Si nous voulons bien entendre l’appel qui résonne dans les textes fondamentaux de la spiritualité vivante, nous devons prendre en compte la source à partir duquel ils émergent. Alors nous pourrons comprendre toute l’importance de la non-dualité, sans laquelle aucun de ces textes n’a de signification.

* *
*

La dualité est présente dans le mouvement discursif de la pensée. Elle structure de part en part notre représentation commune. Elle n’est pas une formation à part, qui ne serait en œuvre que dans la théorie, la spéculation ou le savoir. Nous pensons dans la dualité. La plupart de nos problèmes sont intimement liés au trafic de la dualité. Le mental est ainsi fait qu’il est capable de justifier une chose et aussi son contraire.

Ce qui doit nécessairement nous aider à prendre conscience de ses limites. Et à chercher à les dépasser. La pensée complexe propose une dynamique d’intégration qui répond au besoin de dépasser la dualité commune. Elle présente pour la première fois une alternative pertinente à la logique classique fondée sur la dualité.

Il reste cependant que le fond du problème est métaphysique et non pas logique. L’Etre semble jouer dans la dualité le jeu même de la Manifestation où celui qui joue se perd dans son jeu et se retrouve. En langage plotinien, il faudrait presque dire que l’âme fait l’expérience d’elle-même à travers le jeu de la dualité. Avec un peu d’audace métaphysique, nous dirions que l’Un s’expérimente lui-même dans la diversité dans le jeu de l’âme avec elle-même au sein de la dualité. Même si la dualité ne donne aucune réalité à son objet, il reste qu’elle rend pourtant possible une expérience et que c’est peut être justement cette expérience que nous appelons la Vie.

* *
*

dialogue : questions et réponses

Accueil, index analytique, © Philosophie et spiritualité, 2002, Serge Carfantan, Version papier.

http://sergecar.club.fr/cours/logique4.htm

Un seul cerveau ? Eloge de l'informatique

Lorsque je vois à quel point les pensées de mes congénères coïncident avec les miennent je me demande parfois si l'autre n'est pas tout simplement une émergence de ma propre pensée. Tout se passe comme si chaque individu était complètement identique.

Je suis stupéfait de voir la similitude entre les émotions, les rêves, les désirs de chaque individu.

Ne serais je pas tout simplement une instance de la class HUMAIN...

Et Dieu ne serait il pas tout simplement le grand programmeur, ma vie sur terre l'execution du code, le monde l'interface graphique, mes capacités l'interface entre Dieu et ma conscience ?

Mais alors quel sens donner à la reproduction, la fusion entre deux individus pour en donner un troisième à la fois différent et identiques ?

De même Internet est elle l'émergence d'une pensée planétaire visant à comprendre le grand programmeur ?

Tout se passe comme si je découvrais petit à petit les fonctions qui ont été implantées en moi...

Tout ceci est bien mystérieux...





samedi, avril 16, 2005

Vers une sovietisation de la france

En France le problème n'est pas que les fonctionnaires soient ou non des élites, le problème est que les élites sont fonctionnaires...

A partir du moment où l'on offre le plus de privilèges à ceux qui travaillent dans la fonction publique, les meilleurs vont naturellement se tourner vers des carrières de la fonction publique tandis que le privé deviendra en quelque sort l'esclave du publique...

Cela va créer un déséquilibre dans un pays qui ne créera plus de richesses et ouvrira la voie vers la soviétisation en détruisant progressivement la classe moyenne...

Il ne restera bientôt plus que les très riches et les très pauvres...



Djamel Debouze et Oscar Wilde

Hier, on montrait au zapping un extrait de Djamel Debouze qui tenait le livre "Le portrait de Dorian Gray" a la main, se vantant d'avoir découvert la littérature par lui même et non par ses enseignants de ZEP dont c'était normalement le travail...Comme il a raison: Comment peut on aimer la litterature sans espoir de se construire une vie ? Comment l'éducation Nationale peut elle à ce point nier la réalité du chomage en france et être ainsi capable de demander des postes supplémentaires pour vendre aux élèves un savoir dont ils n'ont que faire car ils sentent bien que cela ne leur apportera rien dans un monde où l'argent est roi ?



vendredi, avril 15, 2005

lEternel retour

Il y a presque 10 ans, c'était l'élection de chirac. Après 14 ans de socialisme, les gens aspiraient à un changement radical...Que s'est il passé ? 2 ans plus tard, ce cher jacques a dissous l'assemblée nationale et la france a replongée dans le pire du communisme et le pire du capitalisme avec les emplois jeunes et les 35 heures...Le pays ne s'est jamais relevé de ces 5 années qui ont fini de vider le caisses de l'état. 2002...Un nouvel espoir ? 2007 verra-t-il inexorablement le retour de la gauche ?

vendredi, avril 08, 2005

Educationational Holocaust

Olivier nous a dit au début de l émission du 7/4/4 qu il sentait que le mouvement autour de la mort du Pape devenait quasi hystérique.

J ai envie de vous dire que votre émission tourne à l’hystérie vis-à-vis l’Education Nationale en général et de Bruno en particulier.

Vous osez dire d’un génie de l’informatique dont la prouesse calculatoire est remarquable et aura des applications dans la recherche française et donc dans la renommée du pays : « Il ne lui manque plus qu’une femme pour paraître heureux »

Mais quand Bruno vous demande si 2005 à la puissance 2005 est pair, vous rentrez en transe ?! Je vous signale qu’on faisait ce genre de problème en CM2 il y a une vingtaine d’années…
Je vous signale également que les enfants qui sont capables de faire ce genre de problèmes ne sont pas forcement ceux qui réussiront le mieux par la suite…
Les enseignants tels que Bruno veulent imposer l’Education Nationale tel une religion en France. Quand Bruno a dit qu’il n’y avait pas que l’Eglise qui incarnait la spiritualité tout est dit…

Je vous rappelle que :

1) Bruno est dans un Ministère qui est capable de gaspiller la moitié du budget de la culture à payer 97 000 profs sans postes donc quasiment des emplois fictifs : c’est plus que la mairie de paris : Demandez à Bruno de faire un petit calcul de pourcentage pour voir combien cela représente, il a l’air doué pour les chiffres et le (son) fric…L’UMP va rembourser 800 000 Euros, que va faire l’Education Nationale ?
2) Bruno est un peu responsable de la « soviétatisation » du pays (attention Karim va hurler) car il incarne la non rentabilité par excellence, la substitution d’une idéologie politique à l’idéologie religieuse, la substitution de la culture du fonctionnariat à la culture de l entreprise…

Je plains réellement Karim qui ose sincèrement dire à ses enfants : « Les enfants bossez les maths » en étant heureux de voir que ses enfants font des choses que lui même n’est pas capable de faire : C’est tout simplement un tour de passe-passe que vous fait bruno, si j’étais moins poli je dirais qu’il se fout tout simplement de votre figure…

Les profs ont réussi a substituer le diplôme a l’emploi et donc à se situer a un niveau de non responsabilité dans le chômage tout en se donnant à eux une sécurité de l’emploi et des privilèges sans précédent alors qu’ils sont directement responsables du chômage car ils ne voient pas la réalité de l entreprise et bien d’autres réalités encore…

Le plus ardents défenseurs de la révolte de mai 68, majoritairement des enseignants ont finis par devenir des bobos, encore pire que la bourgeoisie qu’ils combattaient initialement.
De même un jour bruno finira par devenir l’équivalent du Pape dans la société française mais lui n’oubliera pas de dire qu ils faut mettre des préservatifs !

Le moment dans l’émission de jeudi où bruno vous posait des questions qui vous laissaient sans voix est symbolique des ce qu’il fait avec vous dans l émission en général : Il vous manipule.

lundi, avril 04, 2005

ça ne peut pas être un hasard

Comment expliquer que j'ai été détruit par la seule chose qui faisait sens à mes yeux, la seule chose qui représentait pour moi un objet d'investissement ?

Qu'on ne me dise pas que c'est le fruit du hasard...

Ma pemière classe: La seconde 7, qui était aussi ma classe de seconde où j'ai confirmé ma supériorité en mathématique...Est ce une coïncidence ?

Tout à été fait pour que ma chute soit si grande que je ne puisse m'en relever: J'étais parmi les meilleurs, je me suis retrouvé le dernier des derniers, j'avais tout perdu, jusqu'à mon physique car j'étais devenu un monstre gélatineux de 80 kg pour 1m76, je perdais mes cheveux, bref je me suis vu mourir et tout cela pour une heure d'inspection. Quelles qu'aient été mes tentatives futures pour redresser la situation, rien n'y a fait: J'ai fait appel à tous les syndicats, les médiateurs académique, du rectorat, même le médiateur de la république. J'ai vu un député, mon dossier à même été sur le bureau du Ministre de l'Education Nationale. Sur le plan médical, je me suis fait aidé par un medecin, un psychiâtre. Je me suis inscrit dans un "groupe de parole Gestalt" pour améliorer ma communication. Sur le plan pédagogique, j'ai fait venir des enseignants supplémentaires dans ma classe, j'ai acheté des livres par dixaines. Avant l'inspection-décapitation j'ai vu le maire de ma ville...

Rien à faire, j'avais même l'impression que plus j'en faisais et plus la situation se détériorait. C'est pire qu'un cancer qui résiste à tous les traitements car ma vie ne dépendait pas de l'evolution d'une maladie mais du bon vouloir d'un de mes supérieurs. Je crois que la situation qui se rapprocherait le plus de celle que j'ai vécu est celle d'un condamné suite à une erreur judiciaire.

Desormais ce sont un avocat, un vicaire et un psychiâtre qui sont mes principaux interlocuteurs. Et tout cela pour 1 heure. Comment puis je résister à une telle blessure narcissique ?

Pourquoi ? Pourquoi moi ? Telles seront mes éternelles interrogations...

Faut il y voir un signe de Dieu ? Quel message aurait il alors voulu me faire passer ? Est l'humilité que j'avais perdu en me croyant au dessus du commun des mortels simplement parce que j'avais réussi un concours ?

Mais toute cette souffrance ? La mort du Pape me donne en effet un espoir car lui aussi a souffert et est mort courageusement...

Car lorsque je ne souffrirais plus cela signifiera simplement que je serait mort et rien ne vaut le prix de la vie...

Ce qui m'est arrivé ne peut pas être un hasard.




Vive la bestialité

Avant pour être prêtre il fallait être chaste. Désormais il faudra se faire faire des certificats après chaque rapport sexuel pour mettre sur le CV afin de pouvoir postuler pour être prêtre...

Les instincts bestiaux qui sont en nous finissent toujours par triompher, c'est ce que les psychiâtres appellent pudiquement l'inconscient...

Combien de gens ont menés à bout des entreprises inouïes pour simplement pouvoir se reproduire....

Un animal ne sait pas raisonner mais cela ne l'empêche pas de vivre pour autant.

J'ai entendu à la radio samedi passé que le groupe communiste se félicitait que le Pape ait lutté pour la chute du communisme. Je me suis d'abord demandé si j'avais bien entendu...Puis je me suis dit que mon chat n'aurait pas réagit en entendant cela alors que moi ça aurait pu me détruire su j'avais vraiment essayé de donner un sens à cette phrase.

Moralité: Vivez comme des bêtes et vous serez HEUREUX!








dimanche, avril 03, 2005

Assez de mauvaise foi

Souvent les gens cherchent simplement quelqu'un pour se défouler, une personne qui cristallisera toute leurs frustrations...C'est ainsi que peut être de nombreux innocents ont été executés et sont désormais en prison. En revanche en face de quelqu'un qui inspire la crainte, les gens lui trouveront milles excuses...J'ai entendu à la télé après l'execution de Nick Berg une femme dire: "Ces bourreaux ont fait cela sous l'effet de drogue"... Etais ce vraiment la question la plus pertinente que de se demander si les bourreaux avaient agit sous l'emprise de drogue ou non ?

Par contre personne ne s'est demandé si les accusés du procès Outreau avaient agit sous l'emprise de substances illicites! Ils ont fait 3 ans de prisons sans que personne ne se pose aucune question...

Il faut donc se résoudre à voir que l'être humain est ambuigu...Il possede en lui une sorte d'instinst bestial, quelquechose qu'il décide ou non d'écouter, selon son degré de peur, de souffrance, de résistance.

Bref, si le Pape croyait en l'Homme, je ne peux me résoudre à le trouver digne d'un quelquonque salut...

Le Mal fait partie intégrante de l'espèce humaine en ce sens que c'est presque toujours les innocents qui paient pour les crimes d'autres...

En effet beaucoup de grands criminels par exemple les nazis n'ont jamais éprouvé la moindre culpabilité pour leurs victimes, mais allez vous amusez de dire que vous aller voter FN, vous pourrez vous retrouver privé de votre travail!

J'irais même plus loin: Au delà du Bien et du Mal, il y a simplement l'imperfection de l'homme...

samedi, avril 02, 2005

La gauche caviar et la volonté de puissance

Un avocat qui soutient florence Aubenas a la télé tente de nous convaincre de rejoindre son comité de soutien en disant que'elle est capable de voir de l'humanité dans un électeur du front national (sic!). Les ravisseurs de florence Aubenas semblent avoir plus de grandeur à ses yeux qu'un électeur du FN!

J'analyserais cette attitude comme une volonté de choisir son ennemi parmi ce qui est connu, donc fait moins peur: Un électeur du FN, on sais ce que c'est, ça n'est pas vraiment terrifiant, alors autant l'affubler de tout les maux et comme dans la fable de Lafontaine: "Tout le monde cria arrault sur le baudet".

Effectivement, il vaut mieux être ami avec ce qui risque de me nuire et ennemi avec ce qui n'est pas vraiment dangereux: C'est un choix qui peut sembler choquant à certains...Le pire est que cela fonctionne!
Le faible=Le Mauvais
Le fort= Le Bon,

C'est à l'opposé de la morale chretienne, c'est en quelque sorte une vision nihiliste du monde où l'essentiel est de survivre dans celui ci plutôt que de se poser des questions de moralité...

confusion et desinformation

Dans ce pays tout est fait pour que l'on ne sache pas qui est notre ami et qui est notre ennemi: Des lycéens occupent des rectorats. Des CRS sont envoyés et j'entend à la radio cette phrase qui raisonne encore dans ma tête, prononcée par un fonctionnaire d'un ton à la limite de la folie: "Les agents administratifs du rectorats protègent les lycéens".

C'est encore le coup classique du gentil et du méchant...

Comme dans le film le pacte des loups les oppresseurs sont eux même les créateurs de la bête qu'ils font mine de combattre...

Ben laden ne serait il de même que le méchant de service destiné à nous faire peur et assurer la suprématie des états unis ?

Faut il montrer le pire aux hommes pour qu'ils acceptent leur condition actuelle ?

Dès que les hommes n'ont plus peur, ils osent demander, ils osent se révolter...

Faut il sans cesse maintenir la crainte chez les autres pour ne pas perdre son pouvoir ?

Ma déchéance ne serait elle simplement que la conséquence du fait que je ne fait pas peur aux gens ?

Sélection du message

Edgar Cayce et la guerre civile

"Il se formera en France deux partis qui se feront une guerre à mort. L'un sera beaucoup plus nombreux que l'autre, mais ce ...